CONF PRESSE CONGRES

ema nos vies

MAGNA

anticap revo

Blanquer vient d’annoncer que les établissements scolaires réouvriront le 4 mai, en essayant de se donner l’image de celui qui maîtrise la situation. On se rappelle que la veille de la fermeture totale, il annonçait qu’il n’en était pas question… Avec le même aplomb, il a lancé la « continuité pédagogique »… le prétendu engagement du ministère que les enseignants s’occuperaient à distance de tous les élèves.

Dans nos établissements, les directions ont sonné la mobilisation générale… Comment faire ? Sans formation, avec des outils du ministère inadaptés ou inopérants… Débrouillez-vous. Et pour les maternelles ? Faites au mieux… envoyez des exercices aux parents ! Et les élèves non-connectés ? Ils recevront les cours par la Poste… Deux jours plus tard, il n’en était plus question… impossible...  Mais alors ? Téléphonez-leur à chacun, faites cours quand même, avancez les programmes, évaluez… Et surtout, remplissez les cahiers de texte électroniques, que la hiérarchie puisse contrôler à distance que vous bossez.

Beaucoup de collègues veulent faire au mieux et refont leurs cours, les mettent en ligne, font des visio-conférences, corrigent des copies par mail… Mais quel est le sens de cette fuite en avant dictée par l’administration ? Nous seuls, travailleurs de l’éducation, en discutant et décidant démocratiquement, pourrions mettre en place des mesures adaptées pour garder un lien avec les enfants, en fonction de leur autonomie, continuer à leur proposer des activités… sans pour autant laisser croire à une quelconque « continuité pédagogique ». Au lieu de cela, quelques élèves ont accès à des ersatz de cours. Combien d’élèves réellement ? En en laissant combien sur le côté ? Exclus parce que non ou mal connectés, nombreux à la maison, ou parfois tout seuls, sans l’accompagnement nécessaire pour faire face aux difficultés des apprentissages. Dans ce contexte, de multiples officines privées d’enseignement ou de soutien font flores pour ceux qui en ont les moyens ! Cette situation ne fera qu’accroître les inégalités.

Nous sommes de plus en plus nombreux à résister à ce jeu de dupe : on limite notre télétravail à des exercices de révision, des échanges avec les élèves, une ouverture culturelle… tout en sachant que c’est pour une minorité.

La « continuité pédagogique » de Blanquer est une faribole, du bluff pour faire croire que le ministère assure. Il nous faut le dénoncer dès à présent sans quoi une autre menace nous attend :  celle de la progression de l’enseignement à distance à bas coût qui permettra d’économiser plus tard sur le dos de l’éducation. On entend déjà le discours : « bravo, vous avez réussi en temps de crise… vous allez continuer en temps normal. ». Ou  pourquoi  pas pendant les vacances d’été, ce qui sera permis par l’annualisation du temps de travail des enseignants ?  Pas question de brader l’enseignement des jeunes et nos conditions de travail !

François Minvielle