« Liban, Chili, Hong Kong, Soudan… Pourquoi le monde est-il en train de se soulever ? » demandait France Info à une historienne des révolutions qui expliquait que « La population est prête à accepter un certain nombre de sacrifices, financiers, économiques, sociaux... Mais arrive un moment où le sacrifice supplémentaire est perçu comme inacceptable, illégitime et injuste. C’est à ce moment que se fait la rupture et la bascule. » Oui, des Gilets jaunes en France à l’Iran, l’Algérie ou le Chili, le monde est dans un moment de bascule.
Des millions de travailleurs chiliens sont entrés en lutte contre l’augmen-tation du ticket de métro mais c’est une contestation du régime et des classes dominan-tes qui éclate dans tout le pays. Au Liban, la protestation aujourd’hui quasi insurrectionnelle est partie de l’augmentation des taxes sur l’essence, le tabac et whatsapp. En Irak, 20 millions de jeunes de moins de 20 ans font face au chômage massif, à l’absence d’électricité, et à la violence d’un pouvoir corrompu dont la répression a fait plusieurs centaines de morts.
La jeunesse, les travailleurs, les classes populaires se mobilisent sur tous les continents, pays « riches » ou pauvres. Aux USA, 50 000 travailleurs de General Motors ont mené 5 semaines de grève touchant 50 usines. La direction a cédé (augmentations et rattrapages de salaires, bonus de 11 000 dollars), dans un climat de crainte de généralisation des grèves. Celle des enseignants qui a duré plusieurs mois est en train de reprendre.
Une même révolte contre les inégalités et pour la démocratie
Chaque mobilisation a ses caractéristiques, mais partout la révolte accuse le capitalisme.
La contestation vise les Etats et les gouvernements au service des multinationales et de la finance, les dirigeants politiques, la corruption, le luxe des classes dominantes.
La répression sanglante ne peut pas écraser la conscience que le problème, c’est le système, le capitalisme qui fait payer sa faillite aux travailleurs, à la jeunesse, aux classes populaires et qui détruit l’environnement.
Bataille des retraites : s’y mettre tous ensemble !
Ici aussi une bascule est en cours. Après les Gilets jaunes, les luttes à la RATP, aux Urgences, à la SNCF témoignent de la profondeur de la colère, du ras-le-bol, de la détermination.
Des luttes s’engagent sans préavis, sans attendre de consigne syndicale, les salariés prennent eux-mêmes leurs luttes en main. Et de nombreux militants préparent la grève du 5 décembre contre la casse des retraites pour en faire une première étape vers un mouvement d’ensemble.
Macron l’a compris et change de ton : « Je n’aurai aucune forme de faiblesse ou de complaisance ». Mais la révolte est en train de s’élargir, de s’approfondir.
Dans ces mobilisations, des jeunes, des travailleurs, des militants en organisant leurs luttes, posent le problème de qui dirige la société, pour quels intérêts, la perspective d’une révolution pour les droits sociaux et la démocratie. Ces questions se posent à l’échelle internationale, qui dirige le monde, les multinationales et la finance, ou les travailleurs de tous les pays, la jeunesse, les classes exploitées, celles et ceux qui font tourner la société.
31 octobre 2019