« L’austérité tue », « de l’argent pour la santé, pas pour les financiers »… Les slogans n’ont pas manqué sur les réseaux sociaux ou les balcons en ce 1er mai malgré le confinement. Bien des militants, des travailleurs, des membres des collectifs interpros, des Gilets Jaunes… ont tenu, pour cette journée de lutte internationale des travailleurs, à dénoncer la responsabilité des gouvernements du monde entier, du capitalisme face à la pandémie.
A tel point que Macron a déclaré dans une vidéo : « c’est bien grâce au travail, célébré ce jour, que la Nation tient, avec cette volonté forte de retrouver dès que possible les 1er mai joyeux, chamailleurs parfois, qui font notre Nation », ironisant sur la répression policière menée avec son ami Benalla, sans parler de ce ton aux accents de « travail, famille, patrie » !
Les appels à « l’union nationale », comme les éloges plus que répétés aux « héros du quotidien », alors que l’improvisation est totale à l’approche du 11 mai, ne font que renforcer la défiance face au gouvernement et aux classes dominantes.
Un déconfinement… pour plaire au Medef
L’impréparation est patente. Après avoir déclaré que les écoles reprendraient le 11 mai, puis effectué un premier recul avec le « volontariat », Macron et le gouvernement se contredisent chaque jour un peu plus. Comment les écoles vont-elles pouvoir fonctionner, assurer la sécurité des enfants, la distanciation ? Comment assurer la sécurité des voyageurs dans les transports publics alors que déjà les images du métro montrent des rames où les passagers sont obligés de s’entasser ?
La situation est si critique que 329 maires d’Ile de France viennent d’interpeler Macron en dénonçant son « déconfinement à marche forcée ». Même les sociétés de bus, trams, métro, RER ont réagi sur les directives gouvernementales dans les transports, inapplicables concrètement, faute de personnel que tous ont activement cherché à réduire, mais aussi du fait de la vétusté et du manque de transports en commun alors que de plus en plus de travailleurs sont obligés d’aller se loger loin de leur lieu de travail.
Macron comme Philippe ont promis des masques, des protections, des tests… Mais la pénurie de tests est telle que des Ehpad se voient refuser le droit de tester personnels et résidents. Les masques continuent à manquer pour les soignants, alors que les grandes surfaces peuvent en vendre très largement, sans la moindre priorité pour les plus exposés au virus… C’est la loi du marché !
Le gouvernement est incapable de mettre en œuvre le début d’une politique sanitaire, d’obliger des entreprises à produire des protections, des tests, de réquisitionner. Sa seule politique est le retour au travail et la défense des profits… et pour cela la poursuite de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 24 juillet.
Comme le dit le patron du Medef : « Maintenant, ce qui compte c’est recréer de la richesse ». C’est dans ce but que le ministère du travail vient de sortir un « protocole national de déconfinement » qui n’oblige même pas l’employeur à fournir un masque de protection, au motif que s’il y a 4 m2 par salarié, tout va bien !
« Deux épidémies à combattre, le virus et le capitalisme » (banderole du 1er mai)
Combattre l’épidémie, mener une politique sanitaire dans l’intérêt de la collectivité, c’est contester le pouvoir des actionnaires et des financiers sur toute la société. Les travailleur-es, les classes populaires, sont les seuls à même de recenser les besoins, de décider si une production est utile ou non, et de contrôler leurs conditions de travail et leur sécurité.
L’incurie du gouvernement et du grand patronat dont il est le fidèle serviteur est l’expression de l’incapacité où se trouve aujourd’hui le capitalisme d’apporter la moindre réponse à la crise qui le frappe. Aujourd’hui, le secteur aérien annonce des plans massifs de licenciements comme à Ryanair (3000), British Airways (12 000), SAS (5 000)… Farandou, PDG de la SNCF, parle déjà « d’ajuster le niveau d’emploi au volume d’activité » tout en réclamant une aide de l’Etat ! Sans parler des discours patronaux sur le temps de travail ou sur les congés… La seule solution qu’ils sont en mesure d’imaginer pour tenter de sauver leur système économique frappé par une récession sans précédent, c’est toujours plus de milliards de l’Etat, des plans de licenciements massifs et une aggravation de l’exploitation des travailleurs qui auront pu garder un emploi… Avec pour conséquence de nous enfermer dans leur course vers des catastrophes sanitaires, sociales, économiques et écologiques qu’ils sont impuissants à conjurer.
La seule solution pour mettre un terme à cette fuite en avant repose sur nos luttes, notre organisation, pour leur contester le contrôle de l’économie, le pouvoir de décider de nos vies.
Mardi 5 mai