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Intervention de notre camarade Christine Héraud au Conseil municipal de Cenon du 15 juin 2020

300 personnes dont 115 enfants qui ont trouvé refuge depuis novembre 2019 dans l’ancienne RPA Ramadier sont désormais sous la menace d’une expulsion, suite au commandement d’huissier qui leur a été remis mercredi 10 juin leur donnant 48 heures pour quitter les lieux. Aujourd’hui, l’huissier est passé pour constater que les familles sont toujours présentes sur le site et va donc transmettre ses constats à la préfète pour qu’elle décide de l’expulsion de la zone par les forces de l’ordre.

C’est inadmissible. Des familles vont être jetées à nouveau à la rue. C’est ce qui s’est passé l’été dernier : la préfète a expulsé et vidé les squats de Bordeaux, sans solution de relogement alors que la loi l’y oblige. Des centaines de personnes, avec ou sans papiers se sont retrouvées en partie au Lac, sans toit ou sous tentes, sous la pluie et dans la boue, sans eau ni toilettes. En novembre, après des mois d’une situation indigne et révoltante, certaines familles ont pu trouver refuge à Cenon.

Rester sur la zone libre n’est pas une solution. Les conditions de vie et d’hygiène y restent très précaires. C’est un logement digne et pérenne pour tous qu’il faut aujourd’hui, pour la sécurité des familles, pour permettre l’accès à la scolarité régulière des enfants et l’accès au travail. Mais il faut aussi imposer la régularisation de toutes et tous les sans-papiers pour sortir d’une précarité insupportable, entretenue volontairement par l’Etat pour nous diviser et dont bénéficie le patronat pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail.

Aujourd’hui, une expulsion de masse anéantirait tout le travail de suivi médical, de scolarisation, de régularisation entrepris grâce à l’énorme travail qui est fait au quotidien par les associations et les bénévoles qui y interviennent.

Beaucoup des personnes hébergées sur le squat sont en situation régulière ou en demande d’asile, censées donc être sous la protection de l’Etat et en droit de par la loi d’obtenir un logement. Mais avec ou sans papier, le droit au logement pour une vie digne doit être un droit pour toutes et tous.

Il est de la responsabilité de la Préfète d’attendre au moins le 10 juillet, fin de la trêve hivernale, pour prendre une décision. Il est de sa responsabilité, d’autant plus aujourd’hui avec la situation d’urgence créée par la crise du Covid comme par la récession économique, de ne pas envoyer les forces de l’ordre pour jeter à la rue les familles et de leur proposer des solutions de relogement pérennes, y compris en réquisitionnant des logements vides qui existent par milliers sur la Métropole.

Monsieur le Maire, quelle est votre position sur l’expulsion de ce squat ? Pensez-vous qu’un projet immobilier, quel qu’il soit, peut justifier l’expulsion par la force de 80 familles ? Avez-vous pris ou prendrez-vous une initiative pour empêcher l’expulsion et trouver des solutions concertées adaptées à chaque famille ?

Nous vous demandons ainsi qu’à toutes et tous les élus que le conseil municipal de Cenon s’engage à intervenir auprès de la Préfecture pour qu’il n’y ait pas d’expulsion par les forces de l’ordre sans enquête sociale, et que tous les moyens soient mis en œuvre, en lien avec les associations, pour proposer des solutions d’hébergements pérennes aux familles et leur permettre de quitter le squat de leur pleine volonté.

Mais c’est la mobilisation de toutes et tous qui pourra contraindre la préfète et empêcher l’expulsion. C’est pourquoi je vous invite à vous mobiliser et à rejoindre le plus nombreux possible les associations et bénévoles à l’assemblée générale, jeudi à 18 h à la zone libre, pour organiser la solidarité et le refus de l’expulsion.

Christine Héraud – élue municipale NPA