Afin de ne pas alourdir la lecture de ce texte, je choisis de ne pas employer l’orthographe inclusive mais pour amorcer la déconstruction, je décide que dans mon texte le féminin l’emporte sur le masculin. Privilège qui me fait plaisir.
Oui nous sommes en guerre, contre le gouvernement et le système capitaliste qui attaquent les acquis sociaux qui restaient. Ils ont armé leurs soldats, leurs forces de l’ordre et nous ont soumises, bien avant le confinement, à des conditions de vie stressantes, épuisantes, mal rémunérées.
Sourd à nos demandes, incapable de prendre des décisions qui nous sauveraient, le gouvernement joue le double discours, il nous applaudit, nous flatte, nous désigne comme des héroïnes, en clair il nous infantilise et « en même temps » il fait passer des mesures qui vont nous massacrer : pas d’embauche mais passage à la semaine de 60 heures, don de RTT, réduction des congés…
Dans leur tour de cristal, les dirigeantes, les « vraies », s’amusent de cette crise, espèrent pouvoir en tirer des profits inespérés.
Nous nous soumettons à ce confinement lié à leur incompétence ou pire, à leurs choix criminels, mais dans le stress, la peur, la colère, la précarité et, pour tenir, dans l’attente impatiente du moment où nous pourrons nous retrouver, passer du temps avec nos proches survivantes, pleurer nos mortes aussi, évacuer nos émotions, notre fatigue physique, psychique.
Mais non ! Pour les capitalistes, nous sommes juste en train de nous reposer, payées à ne rien faire pour celles qui sont confinées ou occupées à nous débattre sans moyens pour les autres.
Ils ont la ferme intention de nous faire reprendre le boulot plus fort, plus vite, plus longtemps. Et tant pis pour celles qui l’ont perdu leur job : mort aux faibles ! Vive les 1ères de cordée.
Macron vante les circuits courts mais signe des accords qui vont mettre à mal l’agriculture locale non productiviste.
Le gouvernement gesticule pour faire croire qu’il est actif, affairé à nous sauver, pensons-nous qu’en sauvant l’économie, c’est nous qu’il sauve ? Mais non !! Il dilapide un peu plus les ressources restantes pour que nous n’ayons plus rien à la fin de cet épisode, livrées pieds et poings liés à un autre gouvernement aussi capitaliste que ceux qui se succèdent depuis tant d’années.
Seulement leur fric ne vaut rien, la richesse de l’humanité, ce sont les travailleuses de tous les pays. Demain on peut anéantir l’euro, le dollar, le yen, la gourde et toutes les monnaies et inventer un autre système d’échange basé sur le respect du vivant et nous ne vivrions que mieux. Seulement cela passe par une conscience collective, ne pas confier notre avenir à quelques-unes, nous remettre à réfléchir, à prendre position, à être concernées par ce qui se passe pour nous, pour les autres. Savoir que l’être la plus fragile peut nous être indispensable.
Il y a peu, ces arguments passaient pour les propos d’utopistes, un peu allumées tendance hippies babacool, ok maintenant que l’on s’est bien pris dans la face les conséquences de la consommation à outrance, la production acharnée, le gaspillage, on fait quoi ?
Il va falloir se déconstruire, le chemin ne sera pas facile mais intéressant : depuis des décennies, nous avons appris à critiquer la pauvre, la moins éduquée, la femme, la subalterne, la basanée, la noire, l’étrangère, la sans-papier, la sans formation mais aussi celle qui ne pense pas comme nous, celle qui n’aime pas les mêmes films que nous… Et puis nous avons aussi intégré que notre bien-être personnel est ce qu’il y a de plus important puisque face aux grandes décisions des puissants, nous ne pouvons rien. A quoi bon manifester ? Tout ce bruit, cette violence, cette vulgarité…
Alors si nous ne voulons pas revivre le deuxième épisode avec encore moins de moyens, nous devons nous donner rendez-vous pour construire ensemble l’après. Parlons-nous, écoutons-nous, respectons-nous et surtout réfléchissons. Nous sommes toutes dotées d’un cerveau avec des petites cellules grises. Le temps du soulagement viendra après avoir changé le système pour une solution respectueuse du vivant pas après le confinement.
Kristell Cadic