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Cela fait maintenant 3 semaines que le confinement a commencé. Qu’est-ce qui s’est passé parmi les postiers lorsqu’ils sont arrivés au travail au début de la première semaine ?

Au lendemain de l’annonce du confinement, ça a été la panique… et la rage. L’ensemble des bureaux de distribution et la Plateforme Industrielle de Courrier de Cestas ont vu nombre d’agents exercer leur droit de retrait malgré la pression et les menaces de la boîte.

La détermination des postier.es militant.es CGT a permis d’organiser collectivement l’exercice de ce droit individuel partout où nous sommes présents, SUDPTT a aussi largement contribué à cette mobilisation.

A l’heure d’une soi-disant concorde nationale, je ne parlerai pas des autres organisations dites syndicales aux abonnés absents dans les bureaux ou participant activement à la propagande de la boite…

Aujourd’hui quelle est la situation à La Poste pour les salariés ? Par exemple dans ton bureau.

Les collègues sont en colère.

La Poste a nationalement concentré sur 3 jours [du mercredi au vendredi] notre charge de travail habituellement effectuée sur 6 jours ! Elle a pris des mesures dérisoires et inégales selon les sites : autorisations spéciales d’absence de 2 semaines (ASA « Eviction »), produits ménagers, sopalin pour nettoyer son poste de travail, etc.

Mais des cas de Covid-19 se multiplient depuis, et les retours des agents depuis quelques jours se font dans une ambiance extrêmement anxiogène, d’autant plus que rien n’a réellement changé en termes de sécurité. 4 cas rien que dans notre bureau…

Un collègue de mon bureau est parti en urgence à l’hôpital Charles Perrens suite à une crise d’angoisse aggravée sur le site, il y est encore hospitalisé aujourd’hui…

La Poste et Bruno Le Maire ont largement insisté sur « le service public ». De l’autre côté, un mot d’ordre commence à prendre de l’écho « Non aux Productions Non Essentielles ». La Poste est-elle un service public essentiel, comment les postiers voient-ils ça ?

Depuis la privatisation partielle puis effective avec la cession de la majorité des parts de l’Etat à la Caisse des Dépôts, la boîte nous martèle que les usagers sont devenus des « clients », priorise la distribution de la publicité, et nous donne des objectifs commerciaux au détriment du temps dédié au réel lien social historique de la factrice ou du facteur sur sa tournée.

Aujourd’hui, avec des accents à la Malraux, La Poste feint de revendiquer une mission sociale essentielle, alors qu’elle la piétine depuis des années.

La Poste peut redevenir un service public essentiel, mais c’est aux salarié.es, et aux usagers que nous sommes aussi d’ailleurs, de ne pas se laisser confisquer cette réflexion comme sa reconstruction.

Dans plusieurs secteurs, syndicats et salariés craignent que les organisations de travail mises en place lors du confinement ne donnent de mauvaises idées aux patrons. A la Poste c’est un danger ?

Plus qu’un danger c’est une réalité brutale, violente. Le capitalisme cherche toujours à tirer du profit d’une situation, aussi imprévue et sordide qu’elle puisse être.

Selon moi un contrat amoral et pervers a été passé entre l’Etat et la Poste. Alors que La Poste garantit une image « apaisante » de l’état policier dans les rues, l’entreprise obtient des passe-droits commerciaux avec un monopole grandissant sur le colis ou les pseudo-services à la personne, et, on le verra bientôt, une couverture des ministères du Travail et de l’Economie pour sa politique sociale agressive.

Il y aura à coup sûr un après, et dès aujourd’hui la riposte doit s’organiser sur les lieux de travail, malgré les contraintes liées au confinement.

La suite des événements sera probablement liée à la capacité des salariés d’imposer leurs revendications. Dans les bureaux, dans les centres de tri, quelle est l’ambiance sociale ?

Il serait faux de dire que nous n’étions pas inquiet.es de l’éloignement des salarié.es et des militant.es imposé par le confinement.

Paradoxalement, on se réjouit de constater que des liens se sont renforcés, déjà entre militant.es mais aussi plus généralement entre salarié.es grâce aux nombreux outils numériques qui permettent des rencontres et des échanges collectifs qui n’ont de virtuels que le vecteur.

Les agents sont en colère, chacun et chacune sont conscient.es qu’il y aura « un après », et que là où La Poste avait cultivé la perte de sens de notre travail, une réelle souffrance pour un travailleur, et en particulier pour un agent du service public, cette notion forte ressurgit et les postier.es doivent se la réaccaparer définitivement.

Le calendrier est simple : après Germinal, il y a Floréal… [Germinal = Hiver, Floréal = Printemps dans le calendrier révolutionnaire]. Et nous serons au rendez-vous, plus déterminé.es que jamais !