La crise épidémiologique a mis au grand jour l’incapacité de l’organisation économique mondiale à faire face à l’urgence. En cause, la concentration de bien des productions essentielles, équipements et médicaments, dans des pays comme la Chine. En cause également l’absurdité de ces chaînes de logistique qui déplacent des marchandises d’un bout à l’autre de la planète à seule fin d’assurer les profits maximum, quelqu’en soit le coût environnemental.
Ce système est aujourd’hui en panne partielle, et l’urgence d’en finir avec cette aberration s’impose dans bien des esprits. C’est ce que traduit ce sondage publié récemment par Les Echos sous le titre « Coronavirus : les Français font des relocalisations la priorité de l’après crise » : selon un sondage, 93 % des personnes interrogées demanderaient que l’exécutif garantisse « l’autonomie agricole de la France » ; 92 % qu’il pousse « la relocalisation des entreprises industrielles », 91 % qu’il « favorise la recherche et la production des laboratoires pharmaceutiques français et étrangers dans notre pays ».
Macron et son gouvernement voudrait nous faire croire qu’ils ont compris la leçon. Le Maire affirmait récemment : « La relocalisation de certaines productions stratégiques doit être engagée et elle sera engagée » ; Macron prétendait : « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. »
Ils se fichent du monde ! Tout ce baratin n’a pas d’autre fonction que de nous préparer à l’idée qu’il va nous falloir payer la facture de leur politique de soutien aux profits, en tentant de nous faire croire qu’il s’agirait de reconstruire une « industrie nationale ».
Le Maire parle de relocaliser « certaines productions stratégiques ». Mais cela supposerait aussi assurer le contrôle de l’ensemble de la chaîne de production, de l’obtention des matières premières aux équipements de production, à l’énergie… Cela n’a jamais été possible à l’échelle d’un seul pays et cela ne l’est pas aujourd’hui.
Beaucoup de démagogues souverainistes font référence au bon vieux temps où la France (comme une poignée d’autres pays, Angleterre, Allemagne, USA) était une grande puissance industrielle, produisant l’essentiel des marchandises consommées sur le territoire. Ils oublient soigneusement que cette prétendue indépendance nationale reposait, en plus de l’exploitation de leur classe ouvrière, sur le pillage des richesses de leur empire colonial et la réduction en quasi esclavage de leurs peuples. Ces « temps heureux »-là sont définitivement révolus.
La solution qui est entre nos mains, travailleurs, jeunes, femmes du monde entier, ne peut pas être dans le repli national dans lequel voudraient nous enfermer ceux qui nous gouvernent, ou postulent à le faire comme le Rassemblement National, pour mieux nous faire payer leur crise.
L’économie mondiale telle qu’elle est organisée aujourd’hui est le produit d’un demi-siècle de transformations profondes qui ont établi un immense réseau de collaboration entre les travailleurs du monde entier. Ce réseau de production et d’échange mondialisé revêt aujourd’hui des formes aberrantes. La cause de ces aberrations, dont on mesure aujourd’hui les conséquences dramatiques, est dans le fait que ce système économique est soumis à la loi du profit et de la concurrence, à la soif sans limite des spéculateurs.
Et c’est contre cette mainmise du capital financier mondialisé que doivent s’orienter nos révoltes et nos luttes : retirer à la poignée de parasites et aux gouvernants qui les servent leur pouvoir de nuisance, en les expropriant ; prendre le contrôle de l’économie mondiale, de façon démocratique, pour en organiser rationnellement la production et les échanges dans le seul objectif de répondre aux besoins de chacun et dans le respect de l’environnement.
Daniel Minvielle