Alors que les hôpitaux publics du Grand Est et de la région parisienne surchargés sont obligés d’envoyer les patients intubés/ventilés dans les régions moins impactées comme ici, les patrons des cliniques privées n’ont pas attendu pour se faire entendre et préparer la suite.
La plupart des établissements du privé tournent au ralenti ; l’annulation des interventions non urgentes à la demande de l’Etat a un impact sur l’activité des cliniques et donc sur le chiffre d’affaires… pour ces établissements dont l’activité principale, rentabilité oblige, est la chirurgie, notamment ambulatoire.
Si fin mars le président de la FHP, Lamine Gharbi, déclarait : « J’appelle les professionnels de santé encore disponibles, dans les cliniques privées et ailleurs, à répondre au plus vite aux demandes de solidarité lancées par les régions les plus en difficulté… », des voix s’élèvent maintenant pour demander des compensations financières. Après les avances sur trésorerie de la CPAM, des reports des échéances URSSAF et des emprunts, les patrons réclament une compensation des pertes de chiffre d’affaires par rapport à 2019.
Ces mêmes établissements n’hésitent pourtant pas à demander la mise en place du chômage partiel, d’imposer des jours de congés aux salariés au lieu d’organiser la mise à disposition des volontaires vers le secteur public.
Ces établissements qui appartiennent pour la plupart à des groupes comme Elsan avec des actionnaires comme la famille Bettencourt, Vivalto et les banques BNP, Crédit agricole, Crédit mutuel, ainsi qu’un fond d’investissement des Émirats arabes unis, Ramsay Santé et une filiale du Crédit agricole, ont fait des dizaines de millions de bénéfices ces dernières années.
La crise du Covid 19 révèle l’urgence de l’expropriation de toutes les cliniques privées, l’arrêt de toute activité libérale dans les établissements de santé, qui doivent plus que jamais échapper à la logique marchande et à toute recherche de profits.
Pas question de verser un centime d’argent public aux propriétaires et actionnaires des établissements privés : qu’ils prennent sur leurs profits !
Isabelle Larroquet