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La “crise” sanitaire dévoile à nouveau les contradictions inhérentes au capitalisme sur différentes dimensions, et notamment à l’Université.

Depuis des années, les universités, en France comme à l’international, subissent l’attaque destructrice des logiques néolibérales qui s’y imposent. Les fusions d’université comme celle de Bordeaux, qui visent la création de grands pôles à même de jouer dans la « cour des grands » de l’enseignement supérieur et de la recherche mondialisée, ne sont qu’une des faces visibles de ce processus.

La précarisation des emplois, à la fac comme ailleurs, est la règle. Les doctorants, avec les personnels administratifs et d’entretien, sont le plus souvent les premiers à le subir. On apprend très vite à conjuguer “précarité” sous différentes formules : vacations, CDD LRU, ATER1, demi-ATER... Il faut maintenir l’offre de cours sans avoir à créer de nouveaux postes. Ces différents contrats permettent à peine de survivre et de financer les dernières années de thèse lorsque les allocations doctorales, quand il y en a, arrivent à leur fin. En effet, logique budgétaire oblige, les contrats doctoraux ne durent plus que 3 ans, alors que les recherches, notamment en Sciences Humaines et Sociales, prennent souvent quelques années de plus. Mais, nous dit-on, donner des cours c’est important pour avoir de “l’expérience”. Il n’est pas rare non plus d’être contraints, voire ouvertement invités, à s’inscrire à Pôle Emploi alors que l’on travaille encore dans les laboratoires.

Aujourd’hui, la crise sanitaire oblige à suspendre toutes les activités de recherche. Les enquêtes de terrain, parfois à l’étranger, souvent aux frais des jeunes chercheurs, n’ont pas de date de reprise. Pourtant, les injonctions à la publication de résultats dans des revues scientifiques (qui privatisent la recherche publique car accessibles qu’à des prix exorbitants) ne manqueront pas lors des Comités de Thèse qui évaluent chaque année l’état d’avancement.

Ainsi, de nombreux doctorants se sont retrouvés confinés à domicile sans leurs outils de travail, autre que l’ordinateur personnel, le plus souvent payé de leur poche. Et le temps passe, et les contrats s’écoulent. Cela fait des semaines que des centaines de doctorants attendent des informations sur leur situation et leur avenir. Pas de nouvelles du front. L’urgence, pour la direction de l’Université de Bordeaux se situe ailleurs : maintenir la sacrosainte “continuité pédagogique”, pour pouvoir mettre des notes aux étudiants ! Parce qu’à l’usine-fac, on produit des diplômes à base d’évaluations. Il faut continuer à travailler, sans compter les heures, comme si de rien n’était. La surcharge de travail sur le dos des plus précaires passe mal.

Le gouvernement a annoncé cette semaine qu’il autorise le prolongement des contrats doctoraux, mais la mise en place reste à la discrétion des universités. Cependant, le silence de la direction de l’Université de Bordeaux vis-à-vis des organisations syndicales et associatives est assourdissant. Et le refus de rendre les travailleurs maitres de leur avenir, insupportable.

Luis Emaldi Azkue