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Bordeaux Métropole a décidé le 16 avril d’allouer 15,2 millions d’euros à un fonds d’urgence destiné aux petites entreprises et associations, après une première annonce de 10 millions deux semaines auparavant. Et elle en a confié la gestion et la répartition  à... la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux ! Qui, en effet, pourrait mieux que quelques gros patrons bordelais gérer l’argent des contribuables ?

La Région n’est pas en reste... D’un fonds de 50 millions à la mi mars, on est passé à 73 le 10 avril, puis à 91 le 23 avril. 33 millions de ce fonds sont destinés à des prêts à taux zéro, de 100 000 à 500 000 euros, à des entreprises de 50 à 250 salariés. Comme ces 33 millions sont insuffisants à couvrir les besoins, la Région se targue de bénéficier de 250 millions d’euros d’« effet de levier ». Quelques banques (Banque des territoires, CIC, CA, CMSO, BPACA, CEAPC) ont en effet décidé d’ajouter cette somme au pot ouvert par la Région sans perspective parait-il d’en tirer des intérêts. Belle générosité... qui n’a rien de gratuit. C’est que bien des entreprises aujourd’hui en difficulté sont déjà endettées auprès de ces banques, et leur faillite signifierait une perte sèche que les banquiers espèrent éviter en injectant des capitaux frais dans la machine.

Leur raisonnement repose sur le pari que lorsque l’épidémie sera maîtrisée, la machine économique repartira, que les profits seront de nouveau là pour permettre aux entreprises de rembourser leurs dettes... Rien n’est moins sûr. Outre qu’il est impossible de savoir quand les entreprises pourront de nouveau fonctionner sans la menace d’une recrudescence de la pandémie, il est illusoire de penser que la récession se résorbera comme par miracle, que tout sera comme avant. Pour bien des petites entreprises, il y a fort à craindre malheureusement que les aides ne suffiront pas à passer le cap. Pour de nombreuses autres, la production se heurtera aux conséquences de l’aggravation du chômage, de la précarité, une diminution des débouchés pour leurs marchandises, aggravant la concurrence.

Les patrons et banquiers n’ont pas d’autre solution à leur crise que d’alimenter la machine à crédit et, espèrent-ils, à profits… Mais ce qui n’est qu’un pari, une spéculation parmi bien d’autres pour les financiers et leurs amis dirigeants politiques ne l’est pas pour les milliers de travailleurs, salariés ou pas, artisans, petits commerçants, paysans, qui sont sous la menace des licenciements ou de la faillite. Menace que tous les millions de ces prétendus fonds d’urgence sont bien incapables d’écarter.

Daniel Minvielle