ARTE a diffusé un intéressant documentaire sur la vie de cette militante révolutionnaire, née en 1871 en Pologne, qui a pris part à la direction du mouvement ouvrier socialiste (IIème internationale) et des événements révolutionnaires qui ont précédé et suivi la Première guerre mondiale.
Le film décrit la vie de cette militante révoltée dès sa jeunesse, qui rejoint les rangs des marxistes révolutionnaires où elle réussit à gagner le respect et devenir une dirigeante par ses analyses politiques et son enthousiasme capables d’entraîner les masses. Proche des humbles, elle a su garder toute sa vie confiance dans les opprimés se battant pour l’idée que seule la démocratie permettra de changer réellement la société et accéder au socialisme.
Malgré son handicap et une santé fragile, elle réussit à s’imposer dans un monde fortement machiste y compris dans les rangs de son propre parti, malgré les persécutions et plusieurs séjours en prison. Féministe, libre, sans concession, dans sa vie intime comme publique, elle refuse le conformisme étouffant.
Sa vie tout entière consacrée à la lutte, elle sut rester curieuse de tout, passionnée par la nature et tout ce qui fait la vie, bouleversée par la souffrance animale. Cela contribue à faire que Rosa nous semble, aujourd’hui, si proche de nous.
Deux critiques cependant sur le documentaire :
- Contrairement à ce que peut laisser croire la croix gammée qui apparait, ce ne sont pas les nazis (encore loin du pouvoir en 1919) qui l’ont assassinée mais l’armée, sous l’ordre du ministre de l’intérieur du Parti social-démocrate, Noske.
- Le reportage voudrait présenter Rosa comme une pacifiste, opposée à la « violence » des bolcheviks dirigeants de la révolution russe, qui seraient cause des violences de la guerre civile comme du stalinisme ensuite. Façon de masquer la responsabilité des pays capitalistes -dont la France- qui ont envahi la Russie et déclenché une sanglante guerre civile qui a laissé exsangue la jeune république soviétique.
Voici ce qu’écrivait Rosa dans sa brochure Réforme ou révolution :
« La réforme sociale […] a pour fonction non de limiter la propriété capitaliste, mais au contraire de la protéger. Ou encore -économiquement parlant- elle ne constitue pas une atteinte à l’exploitation capitaliste, mais une tentative pour la normaliser…
Loin de conduire au socialisme, le capitalisme s’effondre… et c’est à cet effondrement que les ouvriers doivent faire face, non par la réforme, mais par la révolution ».
Gérard Barthélémy