CONF PRESSE CONGRES

ema nos vies

MAGNA

anticap revo

Aux côtés de Philippe, à la conférence de presse jeudi 28 pour annoncer les mesures de la phase 2 du déconfinement, Blanquer, droit dans ses bottes a affirmé sa volonté de faire maintenant revenir tous les élèves à l’école, y compris dans les lycées, « une urgence sociale et un impératif éducatif », qui va demander « pragmatisme » et « esprit collectif ».

Le gouvernement veut rouvrir toutes les écoles coûte que coûte, dans n’importe quelles conditions, sans plus de préparation et de solutions que le 11 mai, pour que l’école accompagne la reprise du travail, parce qu’il faut relancer l’économie, que la machine à profits redémarre.

Blanquer affiche beaucoup de volonté en paroles, mais bien peu de solutions et de pistes pour organiser la reprise. Traduisons « pragmatisme » par « débrouillez-vous », comme cela été le cas durant le confinement où ce sont les collègues qui ont fait tenir le système par leur conscience professionnelle, leur dévouement, leurs initiatives, et une somme de travail colossale qui a mis tout le monde en état d’épuisement.

Le respect du protocole sanitaire, extrêmement contraignant mais… inapplicable, accapare tout le temps et les préoccupations des enseignants et des agents de service, qui doivent suivre les élèves à la trace avec la chiffonnette de virucide à la main dès qu’un d’entre eux a touché un objet ou une poignée de porte. Ce protocole paralyse toute reprise d’une vie normale dans les écoles. Sa minutie bureaucratique est directement proportionnelle à l’incurie du pouvoir, à son incapacité à mettre en œuvre une politique sanitaire à l’échelle du pays.

Blanquer n’a aucune politique éducative pour la reprise. Il veut que tous les élèves reprennent mais… au volontariat des familles, qui restent très méfiantes et n’ont plus aucune confiance dans ce gouvernement qui a accumulé les mensonges et les retournements pour essayer de masquer ses responsabilités. Il se défausse sur les maires à qui il a laissé jusque-là la responsabilité d’ouvrir ou pas les écoles. Aujourd’hui, il veut la réouverture partout alors qu’il sait très bien que de nombreuses communes ne l’ont pas fait depuis le 11 mai par manque de moyens matériels et en personnels et qu’elles n’auront pas plus les moyens demain pour le faire.

On peut déjà avoir une idée de ce que sera la rentrée dans une école qui va, comme tout le monde, devoir vivre avec l’épidémie : une catastrophe. Tout manque, les moyens, les postes, les effectifs en personnels de l’Éducation nationale et des collectivités, les locaux…  C’est le produit de dizaines d’années d’économies à l’école, de coupes dans les budgets, de suppressions de postes, de fermetures de classes… qui creusent depuis des années les inégalités scolaires. Parce que ce n’est pas le confinement qui a créé les inégalités, même s’il les a considérablement aggravées.

Les enseignants français sont en queue de peloton des salaires européens des pays les plus riches, tout comme les soignants, du fait des années de blocage des salaires. Et ce que le gouvernement va donner aux enseignants, envoyés eux-aussi sur le front de l’épidémie avec l’accueil des enfants de soignants, c’est une prime de 330 à 1000 €, versée uniquement à ceux qui ont assuré cet accueil, alors que l’immense majorité des collègues étaient bien évidemment volontaires, et que tous n’ont pas été sollicités.

Pas plus que les soignants, nous n’avons besoin de médailles, ni de primes qui plus est pour quelques-uns, mais de vraies augmentations de salaires. Il nous faut reprendre la revendication des personnels de santé, 300 € minimum pour toutes et tous, et se battre ensemble, avec eux, pour les obtenir. Aujourd’hui, ce sont les hospitaliers qui sont en première ligne de la lutte pour les salaires. Leur lutte est la nôtre, et des enseignants des collectifs étaient présents cette semaine aux rassemblements des soignants sur les rond-points de Pellegrin, Haut-Lévêque, Libourne…  C’est tous ensemble qu’il faut mener la lutte pour du personnel, pour des postes et des moyens à la hauteur des besoins, dans tous les services publics, et rendez-vous est donné le 16 juin pour descendre dans la rue le plus nombreux possible !

Christine Héraud