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Réunion-débat organisée par le NPA 33 le 15 février 2019  

Introduite par Laurent Delage et Isabelle Ufferte

01 Visuel Formation

Le dernier rapport annuel sur les inégalités que vient de publier l’ONG Oxfam illustre la brutalité du capitalisme : les vingt-six plus riches détiennent autant de richesses que la moitié de l’humanité. La fortune des milliardaires a augmenté de 900 milliards de dollars en 2018, soit 2,5 milliards de plus par jour !

Cet enrichissement inouï, cette concentration des richesses se fait par la dépossession et l’exploitation accrue des travailleurs du monde entier sur fond d’exacerbation de la concurrence, des rivalités entre grandes puissances et puissances régionales, la multiplication de guerres locales et une nouvelle course aux armements.

Les classes dominantes ont vanté durant des années la « mondialisation heureuse ». Après la chute de l’URSS, l’ouverture des frontières et des marchés, tous annonçaient la « fin de l'histoire » et l’avènement d’une nouvelle « gouvernance mondiale »…

Aujourd'hui, le monde ressemble à un véritable chaos, sous la pression du capitalisme financier. Les tensions commerciales, politiques et militaires se conjuguent, sur fond de crise financière et d’une guerre accrue contre les travailleurs et les peuples, sur l’ensemble des continents.

Nous qui voulons changer le monde avons besoin de comprendre les transformations qui s'opèrent sous nos yeux, de comprendre cette nouvelle période du capitalisme.

Cette question n’est pas une discussion académique et abstraite de « spécialistes », pour déterminer ce qui a changé ou non. Elle a une importance particulière, car il s’agit pour nous de prendre la mesure des nouveaux rapports de forces, des transformations au sein desquelles notre classe, les exploités et travailleurs, travailleuses du monde entier, mènent la lutte pour leur émancipation et construire le seul avenir possible pour l’humanité, un monde débarrassé du capitalisme.

En quoi la période qui s’écrit sous nos yeux, à l'heure des multinationales transnationales, dans une économie mondiale totalement intégrée parvenue à un degré de parasitisme jamais atteint, où la mise en concurrence des travailleurs et travailleuses s’est généralisée sur toute la planète, permet-elle de penser que les conditions d’une révolution, socialiste et communiste, sont bien réelles ?

En quoi la globalisation du capitalisme qui s’accompagne de la globalisation de la guerre en a-t-elle muri pensons-nous les conditions. C’est ce dont nous voulons discuter ce soir.

Le capitalisme, c’est la mondialisation…

L’histoire du capitalisme est celle de l’extension de sa domination sur la planète, une histoire faite de conquêtes territoriales pour s’accaparer les ressources naturelles et exploiter le travail des populations, de conflits entre puissances pour le contrôle de ces ressources, le tout sur fond de luttes des classes. C’est à travers cette histoire que s’est constituée la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui, une société globalisée dans laquelle une classe dominante de plus en plus réduite et parasitaire, a réussi à imposer sa loi à l’ensemble de l’humanité, généralisant partout le mode de production capitaliste, le salariat comme système d’exploitation.

Le début de cette expansion commence avec les Grandes découvertes du 15ème siècle. Les Royaumes européens - Portugal et Espagne d’abord, rejoints ensuite par l’Angleterre, la France et la Hollande-, soutenus par une bourgeoisie bancaire et marchande, se lancent dans ce qui va constituer la première mondialisation. Les conséquences en sont très importantes. 02 esclavage

Des civilisations entières disparaissent, des peuples sont réduits en esclavage, voire exterminés. Mais c’est sur ces massacres, « dans la boue et dans le sang » comme l’écrit Marx, que se renforce le pouvoir de ceux qui financent ces actes de pillage. Cette « accumulation primitive » permet à la bourgeoisie des pays européens d’acquérir les richesses et la puissance politique grâce à laquelle elle accèdera au rang de classe dominante (révolution anglaise au 17ème siècle, indépendance des USA et révolution française au 18ème), puis de financer la révolution industrielle.

Une nouvelle hiérarchie s’établit alors entre les nations : en tête, les nouvelles puissances capitalistes industrielles avec d’abord l’Angleterre, puis la France, les USA, l’Allemagne... et autour, une mosaïque de pays soumis à la domination coloniale, ou dont les structures sont restées encore féodales.

03 Expansion colonialeDans ce monde, les puissances capitalistes disposent d’un rapport de force extrêmement favorable. C’est ce qui leur permettra, à la fin du 19ème siècle, de lancer une nouvelle vague d’expansion coloniale, l’impérialisme. En 1873, le capitalisme est entré dans sa première grande crise, la « Grande dépression ». Pour en sortir, il lui fallait trouver de nouveaux débouchés pour ses marchandises et ses capitaux, de nouvelles sources de matières premières bon marché. En quelques années, l’Angleterre et la France se partagent l’Afrique et une bonne part de l’Asie. Les Etats-Unis étendent leur territoire et établissent leur domination sur l’Amérique latine…

Le monde change une nouvelle fois de physionomie, désormais partagé en empires coloniaux soumis au contrôle des puissances impérialistes, avec quelques îlots de pays plus ou moins « indépendants ».

C’est sur ce terrain que s’exacerbe la concurrence entre puissances impérialistes, qui tentent de s’arracher des parts du gâteau et des colonies. Cette lutte pour le partage du monde au bénéfice des monopoles, aboutit à la première guerre mondiale, aux tranchées et aux massacres de masse.

Mais à la fin de la guerre, les contradictions internes du capitalisme continuent de jouer, en particulier après la crise des années 30 qui intensifie la concurrence entre grandes puissances. A nouveau, les barbelés se dressent dans toute l’Europe, le capitalisme développe le militarisme, le fascisme s’impose. Malgré les révoltes et la lutte de la classe ouvrière dans ces années-là, les classes dominantes conduisent à nouveau le monde à la barbarie de la 2ème guerre mondiale.04 reconstruction Dresde

Au sortir de la guerre, l’hégémonie des USA s’impose aux vieilles puissances impérialistes. Les dollars du plan Marshall financent la reconstruction et relancent la pompe à profits, après les destructions massives de la guerre. Le monde est divisé 05 Vietnamen deux avec l’existence de l’URSS. Mais c’est la vague des luttes de libération des peuples coloniaux, en Chine, en Inde, en Algérie, en Indochine, au Vietnam…, qui va transformer profondément le monde.

En 1970, c’est la fin des empires coloniaux et surtout de la rente coloniale pour les vieux impérialismes européens. Cela ouvre des possibilités aux pays producteurs de pétrole, qui cherchent alors à imposer d'autres conditions de prix. Cela conduira au choc pétrolier de 1973.

En même temps, on assiste à l’épuisement de la phase de développement des "trente glorieuses", centrée sur la reconstruction après la 2ème guerre mondiale. Tout cela conduit à la chute des taux de profit pour les capitalistes que les classes dominantes vont essayer d’enrayer en s’engageant dans une offensive néolibérale contre les peuples des anciens pays coloniaux et les classes ouvrières des pays impérialistes. Dans le même temps se forme les multinationales, nouvelle concentration du capital à l’échelle internationale.

La 2ème mondialisation de l’offensive libérale

Une nouvelle phase s’ouvre dès la fin des années 70, menée sous la houlette de la première grande puissance mondiale, les USA, et de son alliée l’Angleterre, qui va conduire à la mondialisation libérale.

Pour remonter les taux de profits, les capitalistes vont se lancer dans la spéculation, à commencer par les prêts aux Etats, en particulier ceux des pays du Tiers-Monde, aux taux les plus juteux ! 06 Taux de profit 1950 2010

Grands projets pharaoniques comme la basilique de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire construite par Bouygues, ventes d’usines inutiles (les « éléphants Blancs »), ventes d’armes, tout est bon pour prêter aux pays pauvres et faire rentrer les intérêts.

Pour faire rentrer la « dette », plusieurs fois remboursée par ces pays, le FMI se spécialise dans les « plans d’ajustements structurels », qui conduiront aux plans d’austérité et aussi aux privatisations et au dépeçage des secteurs les plus rentables : distribution de l’eau, de l’énergie, transports, ports, etc. tombent aux mains des financiers et des multinationales.

07 Mitterrand TapieDans les pays riches, les gouvernements s’en prennent à tout ce que les travailleurs ont acquis dans la période précédente : aux mineurs en Angleterre sous Thatcher, aux aiguilleurs du ciel aux Etats-Unis sous Reagan. En France, c’est l’Union de la Gauche de Mitterrand qui fait le « sale boulot », avec les licenciements massifs dans l’automobile, la sidérurgie, le blocage des salaires, le développement des contrats précaires… 

Cette politique d’austérité se traduit en France par un recul de près de 10 % des salaires dans la valeur ajoutée entre 1982 et 1998.

En même temps que ces politiques d’austérité, les Etats relancent l’activité des Bourses. Toujours en France, Bérégovoy incite les capitalistes à boursicoter largement en développant les obligations… sorte d’actions dont le prix est garanti par l’Etat. La Bourse s’envole, comme la spéculation qui permet aux capitalistes de faire monter leurs profits.

Mais une des cause essentielle de la hausse des taux de profits des années 80 sera la mondialisation de l’économie et des usines,… qui va s’accélérer avec la fin de l’URSS. Grâce aux nouvelles technologies de communication etde production, les capitalistes vont aller implanter des usines aux 4 coins du monde, à la recherche de bas salaires. Le calcul est simple : en faisant fabriquer une marchandise dans un pays à faible niveau de vie, le capitaliste peut revendre bien plus cher dans les métropoles capitalistes et empocher un véritable surprofit.

08 Informatique en IndeEn Inde par exemple, de nombreuses entreprises occidentales vont délocaliser leur secteur informatique pour profiter d’ingénieurs qualifiés et bon marché.  Au début des années 2000, British Airways délocalise 2 400 emplois. JP Morgan, American Express et la Standard Chatered Bank, 13 000 emplois. En 2004, la ville de l’informatique indienne Bangalore compte 150 000 ingénieurs, soit plus que dans la Silicon Valley.

En quelques années, la Chine devient « l’atelier du monde », fournissant une main d’œuvre nombreuse et pas chère aux multinationales qui y développent leurs filiales. La surexploitation des travailleurs chinois permet au capital financier mondialisé de capter d’importants gains de productivité.09 Usine dlectronique Shenzhen

Comme le résume un article du Monde diplomatique :

« A la fin des années 1970, les dirigeants « communistes » ont utilisé les outils à leur disposition : une main-d’œuvre nombreuse, instruite, disciplinée et faiblement payée ; des capitaux étrangers en quête de nouveaux marchés ; des institutions internationales cherchant à faire sauter les verrous de protection dans les économies du vieux monde ».

La Chine réalise ainsi à elle seule 33 % de la croissance mondiale entre 2000 et 2010.

Jusqu’à la crise de 2007-2008, les pays émergents, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), la Corée du sud, Taiwan, tirent la croissance… des profits mondialisés. Mais en se développant, les rapports se transforment entre grandes puissances et pays émergents.

Même si l’exploitation capitaliste de la plus-value s’étend à la planète entière, les rapports ne sont plus ceux du temps des colonies. Les capitalistes doivent trouver des médiations, des régulations, développent des institutions pour gérer leurs différents et leur concurrence,… Ainsi, le nombre de membres de l’OMC passe de 23 pays fondateurs de l’OIC en 1944 à plus de 160 !10 Faujour G20

Les beaux discours se multiplient alors sur cette « nouvelle gouvernance mondiale », comme si les capitalistes étaient soudain capables de s’entendre, hors des rapports de force et de la concurrence exacerbée entre les multinationales. Cette euphorie libérale va rapidement conduire, tant sur le terrain économique que sur celui des guerres et des tensions internationales, à un véritable chaos.

Les Etats-Unis enlisés dans les guerres au Moyen-Orient

La situation du Moyen Orient, en particulier de l’Irak, illustre alors les conséquences de cette lutte acharnée pour le contrôle du pétrole sur le dos des peuples, menée par les grandes puissances, comme par les puissances régionales.11 Guerre du Golfe

En 1990-91, la guerre contre l’Irak après l’invasion du Koweit est la première du « nouvel ordre mondial ». Les Etats-Unis de Bush père rallient sous l’égide de l’ONU une coalition de 33 états (800 000 soldats mobilisés). L’offensive « Tempête du désert » et son avalanche de missiles, tue au moins 100 000 soldats et civils, dévastant le pays et ses infrastructures. Pendant 10 ans, la population irakienne continue de subir un terrible embargo, responsable de près d’un million de morts. Pour la 1ère fois depuis le Vietnam, les Etats-Unis réussissent à imposer une opération militaire extérieure d’envergure, y compris à sa propre opinion publique.

12 Guerre AfghanistanEn 2001, les attentats du 11 Septembre aux Etats-Unis sont immédiatement utilisés pour lancer une nouvelle guerre contre «l’Axe du mal», le terrorisme islamiste et les Etats « voyous » censés l’abriter. Les USA lancent la guerre contre l’Afghanistan abritant Ben Laden, le chef d’Al Qaida, qui a fait alliance avec les Talibans qui tiennent le pays.

En réalité, les Etats-Unis et leurs services secrets ont utilisé ces terroristes islamistes pendant des années contre l’occupation russe en Afghanistan. Leurs propres créatures leur ont échappé. Ben Laden lui-même est un membre de la famille royale d’Arabie Saoudite, Etat fer de lance de l’intégrisme sunnite et allié privilégié des USA, qui s’est retourné contre eux suite aux bombardements sur le Soudan et l’Afghanistan en 1998.

Au printemps 2003, les Etats-Unis lancent une nouvelle offensive contre l’Irak accusé d’abriter des armes de destruction massive. Les dirigeants américains prétendent qu’ils seront accueillis en libérateurs, et qu’il leur faudra six mois pour stabiliser l’Irak et un an pour le reconstruire… mais l’occupation va durer presque une décennie, sans parvenir à la moindre stabilité de cette région.

13 BushLeur politique se résume à la formule du « chaos constructeur »… On détruit tout, et on voit ! Immédiatement après la chute de Saddam Hussein, l’impérialisme américain lance une purge dans l’appareil d’Etat, licenciant massivement les sunnites de l’armée, et fait le choix de s’appuyer sur les communautés chiites et kurdes, avec le calcul qu’une majorité ethnique suffira à gouverner le pays.

Cette politique va directement alimenter l’éclatement du pays, au point qu’entre 2003 et 2008, une guerre confessionnelle ensanglante l’Irak, qui se soldera par des centaines de milliers de morts. C’est cette politique qui créée le terreau sur lequel Daech se développera en Irak, dans les régions à majorité sunnite.

Pour tenter de maintenir leur ordre, marginaliser l’Iran et ses prétentions, les Etats-Unis s’appuient, en plus d’Israël,sur l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie,… Lesquels poursuivent leurs propres objectifs et intérêts, en finançant des groupes salafistes, ou djihadistes, en manœuvrant dans les différents conflits du Golfe ou du Moyen Orient.

Cette situation témoigne du basculement du monde opéré après la crise de 2007-2008. Il n’y a plus de « super-puissance », capable d’imposer son ordre aux appétits des multinationales, des puissances financières et même des puissances locales. Même si les USA restent, dans tous les domaines, la première puissance mondiale, ils doivent composer, trouver des alliés… qui ont eux aussi leurs intérêts et leurs calculs propres.

Depuis la crise financière de 2008, une réorganisation des relations internationales s’opère alors que l’économie mondialisée échappe à toute régulation, aucune puissance n’en ayant les moyens. La contradiction s’accentue entre l’instabilité engendrée par la concurrence globalisée et la nécessité d’assurer un cadre commun de fonctionnement du capitalisme, permettant d’assurer la production et les échanges.

Fait d’autant plus grave que la situation économique s’est aggravée depuis la crise : les capitalistes sont incapables de sortir du marasme dans lequel ils ont plongé l’ensemble de la société.

Le tournant de 2007-2008

14 Crise bourse 2007En 2007, avec la crise des subprimes, le monde de la finance explose dans une série d’effondrements boursiers, bancaires, économiques. Le système tremble jusque dans ses fondations.

Les États des grandes puissances colmatent alors les brèches à coup de milliers de milliards empruntés à ces mêmes banques dont les spéculations et l’avidité sont à l’origine de la crise. C’est aux travailleurs et aux peuples que les gouvernements présentent la facture, par les politiques d’austérité, les attaques contre les salaires destinées à relancer la machine à profits. A défaut d’espérer obtenir suffisamment de nouveaux profits à partir de la production de nouvelles richesses, les classes dominantes pratiquent à large échelle « l’accumulation par dépossession », en baissant les salaires directs et indirects, en pillant les peuples partout dans le monde.

Pour soutenir les banques, puis l’économie en général, les banques centrales, la FED aux États-Unis, comme la Banque Centrale Européenne, injectent massivement de l’argent dans le système et n’ont d’autre politique que… de continuer à le faire, alimentant toujours plus la spéculation financière.

Le résultat est une énorme accumulation de dettes privées et publiques. 15 stock de dettes

Celles-ci représentent près de 200 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale en 2015, soit 286 % du PIB mondial… contre 269 % en 2007, avant que la crise n’éclate. Cette progression est particulièrement nette pour la dette des Etats, mais aussi pour celle des entreprises.

Ces milliards versés aux banques ont surtout permis aux grands groupes financiers d’afficher des résultats mirobolants, tout en accumulant de nouveaux risques spéculatifs. Mais ils n’ont rien réglé sur le fond : l’économie est en quasi-stagnation, le chômage et la précarité sont en hausse, les salaires stagnent ou reculent.

Ces politiques de régression sociale visant à restaurer les profits en prenant sur les salaires n’ont conduit qu’à un résultat : La croissance économique ralentit y compris dans les pays émergents dans lesquels certains économistes voyaient les « moteurs qui tireraient l’économie mondiale ».

16 Epuisement des gains de productivitCette stagnation des taux de profits et de l’économie réelle signifie une concurrence exacerbée pour capter la moindre parcelle de plus-value, spéculer, faire travailler cette immense masse de capitaux à la recherche d’un profit. Mais le cadre dans lequel se déroule cette lutte acharnée a changé, comme les rapports de force entre puissances.

La mondialisation a permis aux financiers, aux multinationales d’augmenter leurs profits par la surexploitation des paysans des pays émergents. Mais cette situation a conduit à un véritable basculement de l’économie mondiale :

- La production manufacturière mondiale (hors énergie) a augmenté de 62 % entre 2000 et aujourd’hui. Mais la quasi-intégralité de cette progression a été réalisée par les pays dits émergents (+152 %) et seulement +16 % dans les vieux pays capitalistes.

- Les pays émergents réalisent 42 % de la production manufacturière mondiale aujourd’hui, contre 27 % en 2000.

Ce développement s’est réalisé aux travers de sociétés transnationales, à l’activité industrielle, commerciale, financière diversifiée et une concentration telle que 147 multinationales possèdent 40 % de la valeur économique de l’ensemble des multinationales du monde entier. 

17 multinationalesCes immenses sociétés se sont constituées rapidement. Ainsi, la valeur des opérations d’acquisitions de transnationales dans le monde est passée de 153 milliards de $ en 1990 à 792 milliards en 1999. Ces « Titans » se développent dans l’industrie, les services, la finance, mettant en place une nouvelle organisation du travail à l’échelle du monde (les « chaines de valeur »)… Dans l’objectif de capter la moindre parcelle de plus-value.

Le partage territorial du monde qui avait été remis en cause par les deux guerres mondiales et la vague de mouvements de libération nationale a cédé la place à un capitalisme de libre concurrence à l’échelle internationale structuré par ces sociétés transnationales.

Aujourd’hui, la contradiction entre État national et internationalisation de la production et des échanges est plus forte que jamais, alors qu’aucune puissance dominante n’est en mesure de réguler les relations internationales.

Nouveaux rapports de force 

Nous venons de le voir, depuis 2008, les rapports de force économiques mondiaux ont été profondément bouleversés, remettant en cause la prépondérance économique des États-Unis, concurrencés par les pays d’Asie, en particulier la Chine. Même si l’hégémonie économique, politique, des USA est bien réelle, elle est directement menacée par le dynamisme de l’économie chinoise. Mais le monde n’est plus celui de la guerre froide, partagé en deux blocs.

Il est aujourd’hui un monde multipolaire au sein duquel les tensions augmentent d’autant plus que les bouleversements des rapports de forces économiques se font dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale. La concurrence n’en est que plus tendue entre les grands groupes capitalistes et entre les Etats, tous lancés dans une fuite en avant pour tenter de dégager de nouveaux gains de productivité, trouver de nouveaux marchés (tant au sein de leurs frontières qu’à l’extérieur) et s’accaparer les matières premières et les sources d’énergie.

Pour tenter de protéger leur économie, les Etats, USA en tête, sont tentés par des politiques protectionnistes tout en combattant cette même logique chez leurs adversaires, prônant ailleurs le libre échange nécessaire aux affaires capitalistes, à la finance qui elles ignorent toute barrière.

Les renégociations de traités commerciaux en cours, des différentes alliances douanières s’accompagnent de tensions diplomatiques et de déclarations plus ou moins tonitruantes des dirigeants. L’ensemble de l’économie mondiale et les relations internationales sont en crise : entre les USA et la Chine, mais aussi au sein de l’Europe avec en particulier le Brexit…

« Make Amercia great again »19 make america

La politique de Trump l’illustre. Il a résumé son orientation politique par 2 slogans, tout aussi agressifs :

- « Make Amercia great again », qui était celui de Reagan au début des années 80 promettant de rendre sa grandeur à l’Amérique face au développement du Japon, alors 2ème économie du monde, qui menaçait les intérêts US.

- « America first », ancien slogan des propriétaires esclavagistes du Sud des USA au 19ème, repris par différents mouvements réactionnaires et racistes, dont le Klux Klux Klan.

20Derrière cette surenchère nationaliste agressive de Trump, une des questions centrales pour les USA aujourd’hui est de faire face au dynamisme de la Chine. Le développement économique de cette dernière est porté par un Etat centralisé avec, de par son histoire, une intégration extrêmement poussée de la bourgeoisie et de l’Etat. Les produits made in China envahissent les marchés, entre autre le marché américain. En 2018, la Chine a réalisé 323 milliards de dollars d’excédent commercial dans ses échanges avec les USA, un chiffre record, en hausse de 17 % par rapport à 2017. Les exportations de la Chine vers les USA ont augmenté de 11,3% tandis que celles des USA vers la Chine de 0,7 % seulement.

Trump a imposé l’an dernier une nouvelle batterie de taxes douanières visant entre autre l’Europe, le Canada, le Japon, la Corée du sud et surtout la Chine : les taxes ont été relevées sur 5745 produits chinois dont l’acier, l’aluminium, la chimie… La Chine a taxé en retour plus de 5000 produits américains. 

22 apple chineMais cela n’est pas sans conséquence pour l’économie mondiale, tant les différentes économies sont aujourd’hui imbriquées… Cette politique se retourne contre certains secteurs industriels américains, dont l’industrie automobile, directement impactée par la hausse du prix de l’acier chinois. Sans compter que 43 % des exportations « chinoises » sont effectuées par des entreprises étrangères qui engrangent la plus grosse partie des profits. C’est le cas d’Apple qui fait assembler son emblématique Iphone en Chine avec entre autres des composants du coréen Samsung et du japonais Toshiba. La Chine ne récupère au final que 3,8 % de la valeur ajoutée, les USA 28,5 %...

C’est que le développement du capitalisme, des réseaux économiques, industriels, financiers, ont conduit à un système globalisé au sein duquel les économies nationales sont indissolublement liées dans des relations complexes, interpénétrées… tout en en demeurent pas moins rivales.

23 affrontement usa chineCette « guerre commerciale », les barrières douanières, l’instauration de quotas d’importations, les interdictions de commercer avec certains pays, amplifient en retour l’instabilité financière dans une économie où les capitaux se déplacent à la vitesse de la lumière et sont sensibles à toute incertitude, toute spéculation (dans tous les sens du terme). Les « affaires » détestent le chaos qu’elles génèrent… Lagarde, la patronne du FMI, s’alarmait en début de semaine : « Quand il y a trop de nuages, il suffit d'un éclair pour déclencher la tempête »…

Internationalisation et globalisation de la production et des échanges d’un côté, concurrence effrénée et intérêts d’Etats rivaux de l’autre ne cessent de se heurter. Et les tensions qui en découlent ne sont pas que commerciales et diplomatiques…

Dans la surenchère de Trump vis-à-vis de la Chine, ses déclarations contradictoires, il est certes difficile de faire la part de l’esbroufe et de la provocation, la part de la démagogie vis-à-vis de son électorat, mais la menace est bien là.

Le mois dernier, alors que gouvernements américain et c24 revendications territoriales et maritimes en mer de chine carte bighinois démarraient des négociations à la demande de Trump qui voudrait imposer de nouveaux accords commerciaux, deux navires de guerre américains ont été envoyés patrouiller en mer de Chine méridionale, une zone stratégique que la Chine considère comme faisant partie de ses eaux territoriales et par laquelle transite le tiers du commerce mondial… Comme un avertissement… en même temps que Trump menace de nouvelles sanctions douanières en cas d’échec des négociations.

Et en août dernier, la Loi d'autorisation de la Défense nationale (National Defense Authorization Act, NDAA) votée avec le budget militaire par le Congrès américain (et par la majorité des élus démocrates), fixait comme « priorité des États-Unis » la lutte pour « contrer l’influence » de la Chine qui « nécessite l’intégration de multiples éléments, notamment diplomatiques, économiques, militaires et de renseignement »…

La Chine en quête de nouveaux marchés et débouchés

26 nouvelle route soieL’essor et le dynamisme de l’économie chinoise sont bel et bien une menace pour les USA même si elle est encore à ce jour loin derrière. Le PIB chinois atteignait 11 200 milliards de dollars en 2016, contre 18 569 milliards pour le PIB américain. Mais ramené au nombre d’habitants, il ne représente encore que 15 % de celui des USA. Et la Chine subit elle aussi la récession mondiale, la difficulté à écouler ses produits, et est confrontée à un ralentissement de sa croissance (6,7 % en 2016, le taux le plus bas depuis 26 ans) ainsi qu’à une dette croissante.

Il est donc vital pour elle de conquérir de nouveaux marchés et débouchés ainsi que des sources d’approvisionnement en matières premières et en énergie. Elle s’est lancée dans la construction d’une « nouvelle route de la soie » (autoroutes et chemin de fr) lui permettant de relier le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe par des réseaux terrestres et ainsi de ne plus dépendre de la voie maritime à la merci des USA et de ses alliées, entre autre dans la mer de Chine. En même temps, elle développe les échanges économiques tout au long de cette nouvelle voie commerciale avec, à la clé, des travaux gigantesques, des milliards de dollars d’investissements et de prêts dans nombre de pays traversés : au Kazakhstan, en Ouzbékistan, dans des pays du Moyen-Orient, d’Europe, et dans de nombreux pays africains.

Pour financer ce projet tentaculaire, la Chine a créé la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII)… qui compte 57 fondateurs, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Corée du Sud, l’Inde, etc. De quoi éviter un isolement financier ou diplomatique.

27 bases djiboutiLa Chine investit massivement en Afrique, en particulier dans les chemins de fer, les ports, les infrastructures de transport pour les marchandises et les produits de l’exploitation des immenses réserves de matières premières du continent. Entre 2000 et 2016, la Chine a prêté 125 milliards de dollars aux pays africains. Sur la seule année 2017, les échanges entre la Chine et l’Afrique ont été de 180 milliards de dollars. Sur la même période, ceux entre l’Afrique et les USA étaient de 39 milliards. C’est à Djibouti, porte d’entrée du continent, que la Chine a implanté sa première base militaire permanente à l’étranger, inaugurée en août 2017, à côté des bases américaines, françaises, italiennes et japonaises.

28 ouvrieres ethiopieEn Ethiopie, juste à côté, la Chine finance la reconstruction de l’aéroport d’Addis-Abeba après avoir financé la construction d’un parc industriel où se pressent les entreprises textiles. HetM, Calvin Klein, Guess et autres y font assembler leurs costumes dont les pièces ont été coupées en Chine et qui seront vendus à New York... en évitant au passage des taxes douanières. Les ouvrières éthiopiennes arrachées à l’arriération des campagnes y sont payées 50 dollars par mois, 2 fois moins que les ouvrières vietnamiennes et 5 fois moins que les chinoises.

En Tanzanie, La China Merchant Holdings, premier opérateur portuaire public chinois, s’apprête à lancer le chantier du plus grand port africain : 10 milliards de dollars d’investissement, fournis en partie par le fonds souverain du sultanat d’Oman et par une banque chinoise. Le port devrait s’étendre sur 20 kilomètres de côtes, entouré d’une zone économique calquée sur le modèle du port international de Shenzhen, en Chine. L’objectif affiché est de pouvoir embarquer et décharger vingt millions de conteneurs par an, plus que le port de Rotterdam... dans un pays où 80 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.

Les USA accuse la Chine « d’organiser sans vergogne sa politique d’investissements dans la région afin d’obtenir des avantages compétitifs sur les États-Unis », de « distribuer des pots-de-vin, de signer des accords opaques et de faire un usage stratégique de la dette pour asservir des États africains à ses désirs et demandes »… Pas sûr que ces appels à la vertu émeuvent l’Etat et les banques chinoises… pas plus que les autres pays qui pénètrent sur le continent africain dans le sillage de la Chine tels la Turquie, l’Egypte, l’Inde ou les pays du Golfe.

La Chine est également en train de s’implanter en Océanie où elle a entre autres des intérêts dans la pêche intensive et où elle a injecté des milliards de prêts, au grand dam de l’Australie qui entend bien défendre son leadership dans la région. Face aux rumeurs de projet d’installation d’une base chin31 rivalite inde chine le mondeoise sur l’archipel de Vanuatu, l’Australie vient de décider d’implanter une base militaire en Papouasie Nouvelle Guinée, avec le soutien des USA… Australie qui vient par ailleurs de signer cette semaine un accord stratégique avec la France pour la construction de 12 sous-marins militaires par l’industriel français Naval Group.

La rivalité commerciale fait également rage entre la Chine et l’Inde avec de fréquents heurts le long de la frontière commune. Pour répondre à la « route de la soie » qui la contourne, l’Inde a récemment lancé le projet d’une autre route maritime, un « corridor de la croissance Asie Afrique », en collaboration avec le Japon, allié des USA. 

« Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage »

L’exacerbation de la concurrence et la lutte pour le leadership s’accompagnent dans toutes les régions du monde d’une militarisation croissante.

32 carte deploiement opexLa guerre fait rage en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Libye, au Yémen, en Palestine… mais aussi dans nombre de pays africains où la France a une présence militaire massive (en particulier au Mali) et intervient régulièrement comme très récemment par des bombardements sur de prétendus rebelles au Tchad.

Les points de tension sont nombreux de la Corée à l’Ukraine en passant par l’Iran, l’URSS, le Pakistan ou la Turquie mais aussi, sous une autre forme, à la frontière mexicaine ou au Venezuela…

Les Etats Unis viennent de se retirer de l’accord sur les armes nucléaires qui avait été signé avec la Russie au lendemain de la guerre froide en 1987, accusant la Russie de ne pas le respecter suite à la présentation d’un nouveau missile russe dont la portée dépasserait la limite imposée par l’accord. Ce que nie l’URSS qui par ailleurs accuse les USA de déployer des antimissiles en Pologne…

Les USA dénoncent également le fait que des pays comme la Chine, l'Inde, le Pakistan ou l'Iran fabriquent et déploient leurs propres missiles.

33 soldats americains 1er novembre 2018 alentours ville Manbij SyrieEt en même temps, dans le contexte d’instabilité générale et d’inflation des tensions, les USA ne veulent plus, ne peuvent plus assurer seuls l’ordre mondial. Fin décembre, en déplacement sur une base américaine en Irak, Trump déclarait : « Les États-Unis ne peuvent pas continuer à être le gendarme du monde. C'est injuste quand le fardeau est entièrement sur nous ».

Cela fait des années que les USA cherchent à se dégager du Moyen Orient et tentent d’obliger leurs alliés à s’associer davantage au maintien de l’ordre mondial. Trump avait promis un retrait d’Afghanistan pendant sa campagne... mais au final, les USA ont été obligés d’y envoyer de nouveaux contingents. Cette fois, les USA ont annoncé leur retrait de Syrie, voulant obliger leurs alliés à prendre leur part de responsabilités et à gérer le chaos de l’après Daesh...

Les USA restent de loin le pays le plus puissant militairement. Fin 2017, l’armée américaine comptait 3 millions d’hommes, 8 800 tanks, 14 000 avions, 10 porte-avions, plus de 50 sous-marins nucléaires, 7 400 ogives nucléaires … Le budget militaire américain a augmenté de 9 % en 2018, de 7 % en 2019, pour atteindre le record de 716 milliards de dollars… sans compter le nouvelle « force de l’espace », une sixième branche des forces armées US pour répondre aux nouvelles technologies en matière de missiles de la Chine et de la Russie.

Même si c’est avec des moyens bien plus limités, la Chine s’est elle aussi engagée dans une course pour combler son retard et moderniser son armée : le budget militaire chinois (175 milliards de dollars en 2018) devrait augmenter de plus de 8 % cette année. Une course aux armements dans laquelle toutes les puissances, grandes et moins grandes sont engagées. En 2017, les dépenses militaires mondiales ont atteint un record : 1700 milliards de dollars.

34 Ventes armes 2016Les marchands de canons et autres trafiquants d’armes font fortune. 

Sur le site du ministère français des affaires étrangères, on peut ainsi lire : « Avec 5 000 entreprises et 400 000 emplois dans le secteur de la défense (dont 165 000 emplois directs dans l’armement), l’industrie française concentre plus du quart des capacités européennes […] L’Union européenne assure environ un tiers des livraisons mondiales d’armements (en particulier la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni). Bien que sur la décennie passée, les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie et Israël se sont partagé 90% du marché, de nouveaux concurrents (Corée du sud, Chine, Turquie) affichent l’ambition de se positionner durablement sur le marché de l’armement. L’industrie française de défense, dont les acteurs principaux - Dassault Aviation, Naval Group, Airbus Group, MBDA, Nexter, Safran, Thales - sont des leaders européens voire mondiaux, se distingue à l’occasion des salons internationaux d’armement, Salon de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget, Eurosatory, Euronaval et Milipol, qui attirent en France plusieurs centaines de milliers de visiteurs ».

35 chars leclerc emirat yemenMais cet armement ne se distingue pas que dans les salons. On peut le voir à l’œuvre depuis 4 ans dans la sale guerre qui ravage le Yémen à l’origine d’une des pires crises humanitaires, où des chars Leclerc, des mirages 2000, des blindés, des hélicoptères de transport, des drones, des canons et autres fusils de précision, vendus par la France à l’Arabie saoudite ou aux Emirats arabes unis, massacrent la population yéménite. Sur les 9 dernières années, l’Arabie saoudite a à elle seule commandé près de 11 milliards d’euros d’armement à la France.

De l’état de guerre permanent à un risque de nouvelle guerre mondiale ?

Cette accélération de la course aux armements va de pair avec l’augmentation des tensions internationales, des conflits entre puissances régionales qui tentent de profiter des situations de chaos qu’ont provoqué des décennies d’agressions impérialistes pour le contrôle des sources de matières premières.

Terrorisme et prétendue guerre contre le terrorisme sont devenues le quotidien de centaines de millions de personnes sur tous les continents. Un état de guerre permanent qui marque les esprits, utilisé par les Etats du monde entier38 ogives nucleaire2018s pour tenter de soumettre les travailleurs.

Alors peut-on craindre dans ce contexte une globalisation des conflits militaires ? Est-il envisageable que l’état de guerre permanent débouche demain, à partir d’un conflit local, sur un affrontement militaire majeur pour le leadership mondial, engageant les USA et la Chine ? Les États l’envisagent, s’y préparent, personne ne peut l’exclure, même si la situation est aujourd’hui profondément différente de celles qui avaient conduit aux guerres mondiales de 1914 ou 1939.

Mais si l’on ne peut écarter le pire, l’intervention de la classe ouvrière et des classes exploitées peut ouvrir une toute autre perspective.

L’actualité de la révolution

39 bangladesh hausses salaires textile10 janvier 2019 DaccaLe capitalisme globalisé a profondément transformé les conditions de la lutte de classe. Il a mis en concurrence les travailleurs du monde entier au sein d’une économie globalisée, intensifiant l’exploitation sur l’ensemble de la planète. Mais il a en même temps créé, dans toutes les régions du monde jusqu’aux plus reculées, une classe ouvrière moderne, éduquée, maitrisant les sciences, les nouvelles technologies, les techniques et processus de production.

Depuis les usines du Bangladesh et du Vietnam jusqu’aux ports d’Afrique ou aux banlieues industrielles de, Séoul, Casablanca, Bucarest, Shanghai, Sao Paulo, Detroit, Bombay ou Addis-Abeba… un même prolétariat mondial prend chaque jour davantage conscience de lui-même, est objectivement lié d’un bout à l’autre du globe avec, face à lui et à ses luttes les mêmes multinationales et les Etats à leur service.

La violence des rapports de domination, la misère extrême, les conséquences écologiques dramatiques de la course aux profits, les guerres, ont profondément transformé le quotidien de millions de femmes et d’hommes. Ces transformations sont sans retour possible. Elles se font dans des déchirements, des drames et dans le sang mais portent en elles une dimension révolutionnaire, à l’image de la crise des réfugiés qui participe d’une prise de conscience internationaliste. A l’image aussi des révolutions qui ont secoué le monde arabe il y a 7 ans, qui ont certes débouché sur des impasses mais qui ont ébranlé bien au-delà du monde arabe. Les dictatures, les impasses nationalistes, communautaires, religieuses ne peuvent briser la contestation, faire taire la révolte.

42 ouvrieres addis abebaEn soumettant l’ensemble des populations de la planète à la logique marchande, à la loi du profit, le capitalisme a créé les conditions de la prise en main par les producteurs eux-mêmes de la marche de l’économie, une urgence tant la globalisation du capitalisme financier, sa rapacité, son parasitisme plongent le monde dans une profonde instabilité et que se conjuguent urgence sociale, démocratique et écologique.

Notre combat s’inscrit dans la volonté d’aider au regroupement et à l’unité des classes exploitées par-delà les frontières, du camp international des travailleuses et des travailleurs.