Après un été marqué par les incendies, la canicule et les inondations, auxquels se rajoutent la guerre en Ukraine, la militarisation de l’Europe, les pénuries et l’inflation alimentée par la spéculation, … les inquiétudes et la colère se renforcent dans le monde du travail, la jeunesse, face à ce monde capitaliste incapable de résoudre les crises qu’il provoque lui-même.
La gabegie du pouvoir s’étale au grand jour. Manque chronique de pompiers, de canadairs, de moyens matériels, entretien des forêts inexistant … Les catastrophes de cet été dressent le bilan de toute une politique de suppressions de postes dans la fonction publique, que ce soit à l’ONF (passée de 15 000 salariés en 1985 à 8 400 en 2021), à Météo France ou dans la santé, plongée dans une crise des urgences après des années de politique d’austérité.
C’est cette même politique d’économies, destinée à détourner toujours plus de richesses vers les capitalistes, qui a abouti au manque de 4 000 enseignants pour cette rentrée scolaire, au point d’avoir vu certaines académies organiser des formations « express » de contractuels en … 4 jours !
Macron, Borne, « la sobriété » contre la population et les travailleurs
Le 24 août, Macron annonçait en prélude de la rentrée du gouvernement « la fin de l’abondance », « la fin de l’insouciance » ! Un cynisme total, alors que les couches populaires font face à l’inflation et à la flambée des prix pendant que les profits explosent. Après les prix de l’énergie, ce sont les produits de grande consommation qui ont augmenté de 8 % sur un an : viande, pâtes, huile… Tout le caddie est touché alors que les salaires restent à la traine. La hausse médiane du salaire de base dans le privé atteint tout juste 2,5 % sur 2022… avec une inflation à 6,1% en juillet !
Devant les patrons du Medef la semaine dernière, Borne a décliné elle aussi « la sobriété », appelant les entreprises à faire des économies d’énergie. Des paroles et du bla-bla qui n’engagent en rien le patronat. De Bézieux y est même allé de son couplet sur la « croissance sobre »… du moment que le gouvernement continue d’alimenter la croissance particulièrement abondante des profits !
De ce côté-là, le Medef a toutes les raisons de se réjouir. Borne leur a confirmé les baisses massives d’impôts, la réforme du RSA et de l’assurance-chômage pour obliger les travailleurs à accepter les pires boulots aux salaires les plus bas, sans parler de la réforme des retraites !
Comme l’avait fait Macron cet été en appelant à « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs », Borne cherche avant tout à préparer l’opinion aux augmentations de prix, aux restrictions et aux « efforts » que le gouvernement compte imposer aux classes populaires pour le compte des capitalistes.
Pas de « sobriété » pour les profits
Jamais les entreprises du CAC40 n’ont gagné autant d’argent qu’en ce moment, alors que les ménages réduisent leurs dépenses et que le FMI annonce une récession.
Au premier semestre, leurs résultats s’élevaient à 81,3 milliards d’euros, soit 20 milliards de plus que l’an dernier, une année pourtant exceptionnelle pour les profits ! TotalEnergies a ainsi plus que doublé son bénéfice avec 18,8 milliards de résultat net sur le premier semestre 2022, grâce à des marges de raffinage qui sont passé de 7 à 101 dollars la tonne ! CMA-CGM, armateur marseillais, a réalisé près de 15 milliards de profits sur la même période, presqu’autant que sur toute l’année 2021, grâce à un revenu par container qui atteint 2850 € aujourd’hui contre 1100 € en 2019 !
Dans la foulée des pénuries et des augmentations des prix de l’énergie et des matières premières, les capitalistes augmentent leurs prix tout en refusant d’augmenter les salaires au niveau de l’inflation. C’est un véritable transfert de richesses vers le capital, pris directement dans la poche des travailleurs !
Le gouvernement mène la même politique, lorsqu’il annonce des mesurettes face à l’inflation, refusant toute réelle indexation des retraites, des minima sociaux ou des salaires du public et du privé sur le coût de la vie.
Construire la convergence des luttes pour en finir avec ce système
En Angleterre, le mouvement de grève pour les salaires s’est répandu tout l’été dans les transports publics, à la Poste, télécoms, éboueurs, logistique… Face à une inflation qui a dépassé les 10 % en juillet, les travailleurs font grève, s’organisent, tissent des liens en recevant le soutien de la population.
Ici aussi se pose la question de faire converger les luttes pour les salaires après la vague de grèves de juillet. Suite au discours de Macron, Martinez a appelé à « s’opposer aux sacrifices » en participant à la journée d’action CGT du 22 septembre dans la santé et à celle interprofessionnelle du 29 septembre appelée par la CGT, Solidaires et la FSU.
Des dates bien tardives et sans lendemain, mais qui peuvent être l’occasion de regrouper les travailleur.ses, les jeunes qui cherchent les moyens d’exprimer leur colère, à condition de compter sur nous-mêmes pour construire le mouvement, discuter des suites, donner confiance et entraîner. Cela signifie s’organiser démocratiquement par en bas, sans rien attendre du « dialogue social » ou des jeux parlementaires.
Les luttes pour les salaires, contre la destruction des services publics, pour la santé, pour le climat, relèvent d’un même combat contre ce système capitaliste à bout de souffle. S’opposer aux « sacrifices », c’est contester le droit qu’une poignée de parasites s’est arrogé de soumettre la vie de milliards de personnes à leurs profits. C’est poser la question du contrôle des travailleur.ses, des jeunes, des 99 % sur la marche de l’économie et de la société.
C’est construire la démocratie par en bas, qui commence par la prise en main de nos propres luttes pour en construire les convergences.
lundi 5 septembre 2022