La catastrophe qui vient de frapper Mayotte a de terribles conséquences. La totalité des bidonvilles ont été détruits. Plusieurs centaines de morts, probablement des milliers, impossibles aujourd’hui à comptabiliser, de très nombreux blessés, la menace de troubles sanitaires et d’épidémies sur une île déjà totalement délaissée. Plus du tiers des 321 000 habitants ont perdu leur logement.
Le cyclone Chido a été particulièrement puissant, mais la catastrophe révèle à quel point la majorité des habitants de Mayotte sont les parias de l’Etat français et de son mépris colonial.
La République « égale et fraternelle » leur refuse depuis des décennies les investissements les plus élémentaires, laissant une grande partie de la population dans le dénuement, sans accès à l’eau potable ou à l’électricité. L’île est sous équipée, tant sur le plan des infrastructures, que de l’éducation et de la santé. Par contre, la répression policière ne cesse d’augmenter, dont la chasse permanente aux clandestins venus de l’archipel des Comores dont Mayotte fait partie. La plupart d’entre eux, qui ne se sont pas rendus dans les abris en dur de peur d’être arrêtés, l’auront payé de leur vie.
Un système destructeur et meurtrier
Le fraichement promu 1er ministre Bayrou a annoncé « mobiliser l’ensemble des moyens » de l’Etat et envoyé Retailleau flanqué de quelques dizaines de militaires pour assurer l’ordre.
Mayotte est en effet une zone stratégique pour l’Etat français et les intérêts des classes dominantes. 2000 militaires y stationnent ainsi qu’à la Réunion pour contrôler les voies commerciales, environ un quart des transports maritimes mondiaux passent à proximité, et une immense « zone économique exclusive », assurant à l’Etat français le contrôle des ressources naturelles maritimes sur 3 millions de km². La population, elle, est vouée à la misère, dépourvue du minimum d’investissements qui auraient pu sauver des vies.
La tragédie met un peu plus en évidence l’égoïsme des riches et leur parasitisme, les conséquences du capitalisme sur l’environnement et les dérèglements climatiques, les catastrophes sociales qu’elles engendrent.
Manœuvres politiciennes pour les intérêts capitalistes
La comédie politicienne que nous jouent depuis des semaines les Macron, Barnier, Retailleau, Bayrou et cie n’en est que plus cynique. Tous ces complices-concurrents plongent les plus pauvres dans la catastrophe sociale pour servir les riches.
Bayrou cherche aujourd’hui à composer un prétendu « gouvernement d’intérêt général ». Le PS et les écologistes se prêtent à ce jeu, rencontrant tantôt Macron, tantôt Bayrou. LFI cherche à se démarquer mais n’a d’autre perspectives que de nouvelles élections, dans le cadre de cette société. Quant à Le Pen, elle se félicite de la censure et espère « faire son miel » de leur discrédit à tous amplifié par ces tractations, persuadée que la crise la rapproche du pouvoir… Elle postule à prendre en main les affaires de la bourgeoisie pour mettre au pas les travailleurs.
Derrière les manœuvres et calculs, ce sont des politiques d’austérité brutales contre les classes populaires qu’ils s’apprêtent tous à poursuivre, au nom des difficultés économiques, des déficits, de la dette.
Face à eux, nos solidarités de travailleur·es, prendre nos affaires en main
Face à la vague de licenciements, aux attaques sur les services publics, aux salaires bloqués, les directions syndicales sont impuissantes, incapables de rompre avec le « dialogue social » qui les lie au patronat et aux gouvernements.
Contre ces attaques, il n’y a pas d’autre solution que de préparer l’affrontement contre l’Etat et les patrons. La colère est bien là. Des grèves éclatent contre les licenciements, pour les salaires, contre la vie chère ou l’oppression comme en Martinique ou en Kanaky.
C’est d’en bas que viendront les réponses à leur système en faillite, en faisant nous-mêmes, entre travailleur·es, de la politique pour nos intérêts collectifs, pour prendre nous-mêmes en main la marche de la société.