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Dans le cadre de la fête d'octobre 2014 du NPA 33, une projection-débat était proposée sur le rôle de l’impérialisme français dans la mondialisation guerrière, tant au Moyen Orient, qu’en Afrique et aussi en Ukraine. 

Ci-après, une présentation parue dans notre revue Anticapitalistes !, avec, en pdf, le texte d'accompagnement du montage diapo projeté.


La mondialisation de la guerre, produit de la mondialisation capitaliste

4ème guerre en Irak, guerre civile en Syrie, conflit en Ukraine, bombardements de Gaza, déchirement de la Lybie, interventions militaires en Afrique, guerre permanente en Afghanistan, sans parler des tensions en mer de Chine et dans bien d’autres endroits du monde… Les conflits, les guerres se multiplient dans un enchainement que personne ne maitrise.

A la guerre contre les travailleurs menée par les multinationales dans tous les pays s’ajoute la guerre contre les peuples, débouchant sur la mondialisation de la guerre, un monde d’instabilité et de chaos.

Dans les années 1990-1991, entre chute du mur de Berlin et fin de la guerre froide, un nouveau monde s’est mis en place suite à l’effondrement de l’URSS et la Guerre du golfe contre l’Irak, tandis qu’au cœur de l’Europe éclatait la guerre de Yougoslavie.

A la tête de l’impérialisme américain, George Bush père, annonce alors un « nouvel ordre mondial » dans lequel les États-Unis, devenus de fait l'unique superpuissance mondiale, doivent redéfinir leur rôle.

Voilà ce qu’il dit : « Un dictateur ne peut plus compter sur la confrontation Est-Ouest pour bloquer l’action concertée des Nations-Unies contre une agression. … Nous sommes aujourd’hui face à un moment unique et extraordinaire. … De ces temps troublés, un nouvel ordre mondial peut émerger : … Une ère dans laquelle les nations du monde, Est et Ouest, Nord et Sud peuvent prospérer et vivre en harmonie. […]. Aujourd’hui, un nouveau monde naît dans l’effort, … Un monde où le règne du droit supplante la loi de la jungle. …. Un monde où le fort respecte les droits du faible. » (G. H Bush, discours télévisé prononcé devant le Congrès, le 11 septembre 1990)

Cette opinion est pleinement partagée par Gorbatchev qui déclarait dans son discours de démission de président de l’URSS, fin décembre 1991 : « Nous vivons dans un nouveau monde : la "guerre froide" est finie, la menace d'une guerre mondiale est écartée, la course aux armements et la militarisation insensées … sont stoppées. … Nous sommes devenus un des piliers principaux de la réorganisation de la civilisation contemporaine sur des principes pacifiques et démocratiques… ».

25 ans après, c’est une toute autre réalité qui s’impose.

La mondialisation a conduit à une crise généralisée, qui exacerbe la concurrence entre capitalistes. Et cette guerre économique débouche logiquement sur la guerre tout court, dans une spirale guerrière qui s’auto-développe. La phrase de Jaurès, « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », est toujours d’actualité...

Effectivement, un nouveau monde a émergé. Mais dans ce nouveau monde, les USA sont confrontés à de nombreux conflits, à la crise économique de la mondialisation qui provoque misère et révoltes dans de nombreux pays, confrontés aussi à la concurrence économique et politique de nouveaux arrivants, comme la Chine et la Russie, qui s’ajoute à celle de leurs vieux alliés européens et japonais.

Ils sont dans l’impossibilité d’incarner le « super gendarme » du monde, le « super impérialisme », qui se voyait assurer à lui tout seul la stabilité du « nouvel ordre mondial »...

Et l’impérialisme français dans tout ça ?

Comme toutes les autres puissances aspirant à poursuivre leur politique de rapine, l’impérialisme français n’a pas d’autre alternative que « d’y aller », se battre comme un chien pour assurer les intérêts de ses multinationales.

Mais, pas plus que les autres puissances européennes, il n’a les moyens de le faire seul. Il n’a pas d’autre choix que de se fondre dans des coalitions de ces puissances dites « occidentales », chapeautées par les États-Unis. Telles l’OTAN, organisation politique et militaire permanente, créée en 1949 au début de la guerre froide, pour faire face à l’Union soviétique.

Ces coalitions peuvent être à géométrie variable, en fonction des circonstances… Mais le deal est patent : pour être l’allié de la super puissance militaire que restent les USA, il faut assumer sa part du job du maintien de l’ordre mondial...

C’est dans ce cadre que, du choix de Mitterrand, en 1991, de participer à la coalition internationale de la Guerre du golfe, jusqu’à la prétention de Hollande d’apparaître aujourd’hui à l’avant garde du combat contre l’État islamique, l’État français a multiplié interventions militaires et actions dites « diplomatiques » pour tenter tant bien que mal de maintenir son influence et sa domination.

C’est dans cette logique que se situe l’engagement en Afghanistan en 2001, décidé par Chirac et Jospin, et officiellement terminé depuis 2012… bien qu’il reste toujours quelques 500 soldats sur place.

L’impérialisme français avait ensuite fait le choix de ne pas se joindre à la coalition de la deuxième guerre du Golfe, en 2002. Mais il est aujourd’hui rentré dans le rang, tentant même de jouer en première ligne...

En Afrique, un demi-siècle de présence militaire et d’interventions armées ont pris la suite d’un siècle et demi de colonialisme. Mais la mondialisation y a aussi ses conséquences. Et si l’armée française multiplie aujourd’hui les interventions, c’est bien sûr pour défendre les intérêts des Bouygues, Areva et autre Bolloré, mais aussi ceux de ses alliés et concurrents occidentaux, face aux multinationales des pays émergeants.

En Libye, en 2011, Sarkozy avait pris les devants, utilisant le prétexte de « l’ingérence humanitaire » si chère à BHL, pour appuyer militairement le renversement du dictateur Khadafi... afin surtout de juguler la révolte populaire… Avec les mêmes arguments, et le même BHL, Hollande prêchait il y a quelques mois pour une intervention en Syrie contre le dictateur Bachar El Assad, sans succès cette fois.

Il a remis ça contre l’offensive de l’État Islamique en Irak en accueillant à Paris le 14 septembre dernier la Conférence pour construire la coalition qui intervient en ce moment, en étant aussi parmi les premières puissances à bombarder le territoire contrôlé par EI.

Les initiatives en Afrique et en Irak du va-t-en guerre Hollande s’accompagnent d’une vague de propagande reprenant en boucle la thèse de la « lutte contre le terrorisme » lancée par Bush fils en 2001. Il s’agirait de « défendre les populations désarmées face à la barbarie », d’affronter le spectre du djihad…

Soutenu sur ce terrain par une bonne partie de la presse et une flopée de « spécialistes » qui se succèdent à la télévision, Hollande tente de profiter de la colère et du sentiment d’horreur légitimes que provoque la barbarie insupportable des « djihadistes » pour construire « l’union nationale », masquer les véritables raisons de ses interventions.

Mais si les exactions des djihadistes sont insupportables, les bombardements de l’aviation, les missiles, les drones, les infanteries blindées qui massacrent des populations entières au nom de cette prétendue lutte contre le terrorisme, comme l’armée israélienne cet été à Gaza, sont tout aussi barbares ! L’impérialisme français essaye d’apparaitre depuis des années comme l’ami des palestiniens, mais il soutient de fait la politique coloniale et l’apartheid israélien en Palestine. Et le masque est tombé cet été, Hollande soutenant ouvertement l’intervention israélienne, interdisant certaines des manifestations de soutien au peuple palestinien, méritant bien le slogan « Israël assassin, Hollande complice ».

En Ukraine, alors que la crise politique commencée en novembre 2013 a débouché sur une véritable guerre civile, le chef de guerre Hollande est engagé, aux côtés des autres pays européens et des USA dans le cadre de l’OTAN, dans un double jeu de sanctions économiques et d’escalade guerrière contre la Russie. C’est ce qu’ils appellent, avec le relais actif des médias, la « défense de la démocratie et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine face aux visées expansionnistes de la Russie de Poutine ».

Les visées de Poutine sont incontestablement expansionnistes... Mais en quoi celles de ses adversaires sont-elle différentes ? Et quelle démocratie est-il question de défendre en Ukraine ?

Poser la question, c’est y répondre...

Socialisme ou barbarie

Alors que les interventions militaires passées débouchent sur de nouvelles interventions qui ne font que préparer l’étape suivante de l’escalade guerrière et de la barbarie, la première des choses, pour ceux qui veulent s’y ’opposer, c’est de dire « pas en notre nom », de dénoncer « l’union nationale », notre propre impérialisme, notre propre État fauteur de guerre. [...]

Dire non à la fuite en avant guerrière, c’est aussi poser la perspective d’un monde débarrassé de ce qui est à la source des conflits, la concurrence économique pour s’approprier les richesses et contrôler les territoires, la perspective de lutter pour un monde débarrassé du capitalisme.

Un vieux slogan du mouvement ouvrier, « Socialisme ou Barbarie », avait été utilisé par Rosa Luxembourg au cœur de la guerre de 14-18. Cent ans après, et alors que, pour les mêmes raisons d’exacerbation de la concurrence, l’impérialisme, aujourd’hui mondialisé, débouche sur une mondialisation de la guerre, ces quelques mots sont plus que jamais d’actualité.

F et D Minvielle, dans le n° 49 d’Anticapitalistes, nov 2014

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