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Depuis quinze jours et l’assassinat raciste de George Floyd, une même vague de révolte, de rejet du racisme et des ravages du capitalisme se répand d’un bout à l’autre de la planète. Des manifestations massives se succèdent dans les villes du monde entier, sur tous les continents, rassemblant de très nombreux jeunes, noirs, blancs, beurs au coude à coude et poing levé, dans une même exigence, la même aspiration à un autre monde, aux cris de « Pas de justice, pas de paix », « Black lives matter » (La vie des noirs compte) et « I can’t breathe ! » (Je ne peux plus respirer). L’air de cette société est devenu proprement irrespirable pour la jeunesse, les classes populaires et les travailleurs du monde entier.

Un profond sentiment de colère et de solidarité internationale s’exprime qui bouscule la situation, renforce le sentiment de dignité et de liberté, la détermination à refuser l’inacceptable, quelque chose de profondément nouveau se construit. Des policiers américains ont mis genoux à terre en signe de solidarité et de protestation. Dans le monde entier, des artistes, sportifs, mêlent leurs voix à celles des manifestants contre le racisme institutionnel et la violence des Etats et de leurs « forces de l’ordre ».

En France, ce lundi, Castaner s’est dit « troublé » (!) par les témoignages de l’arrestation le 25 mai à Bondy (Seine-Saint-Denis) du jeune Gabriel, 14 ans, frappé et gravement blessé à l’œil par les policiers... Il a finalement annoncé la fin de la méthode d’interpellation dite « de l’étranglement » enseignée jusqu’à aujourd’hui dans les écoles de police... pour la remplacer par l’utilisation du Taser ! La semaine dernière, 40 000 personnes manifestaient à Paris pour exiger la vérité sur la mort d’Adama Traoré en 2016, alors que les policiers responsables de sa mort sont couverts depuis 4 ans. De très nombreux jeunes des quartiers populaires, qui subissent au quotidien la violence de la police, étaient présents.

Le capitalisme ne se survit qu’en intensifiant toujours plus l’exploitation des travailleurs et en réduisant un nombre de plus en plus grand au chômage. George Floyd était de ceux-là, il avait perdu son emploi à Houston et venait de rejoindre Minneapolis dans l’espoir d’y trouver du travail.

L’intensification de l’offensive contre le monde du travail aggrave en retour les tensions raciales. Les classes dominantes et leurs Etats usent de la stigmatisation des pauvres, des précaires, des minorités, tentant de monter une fraction de la population contre l’autre, d’instrumentaliser les préjugés, faisant du racisme un système, secrétant l’arriération… et intensifient la répression.

Intensification de l’exploitation, des oppressions et de la répression pour la « relance » les profits

Dans le monde entier, les odes aux « héros du quotidien » sont bien loin. Les « travailleurs de l’ombre », très souvent des travailleuses, d’origine immigrée et précaires, caissières, aides-soignantes, femmes de ménages… ont payé le prix fort de l’épidémie et sont les premiers et premières impacté.e.s par la récession. L’ensemble du monde du travail est touché. Partout les multinationales annoncent des plans de suppression d’emploi, des entreprises grandes ou petites se déclarent en faillite. Et partout, les gouvernements mettent l’ensemble de leurs moyens au service des capitalistes.

Jeudi dernier, Macron a réuni les dirigeants des organisations syndicales et patronales pour les enjoindre à unir leurs efforts pour « sauver l’emploi et les compétences ». Il est vrai qu’il y a à peine deux mois, les mêmes avaient publié un communiqué à la gloire du « dialogue social » !  Cette farce ne sert qu’à justifier la politique de milliards de cadeaux fait au patronat qui multiplie les « plans sociaux » et les mauvais coups contre les travailleurs.

Les ordonnances Macron ont donné aux patrons tout pouvoir sur le droit du travail : ils peuvent baisser les salaires, supprimer des primes ou des congés, augmenter la durée du travail en échange de « l’engagement » à ne pas licencier… ou à licencier moins qu’annoncé ! Une arme de chantage contre les salariés, utilisée aujourd’hui par Ryanair ou Derichebourg, sous-traitant aéronautique, pour imposer des baisses de salaires.

Face à cette politique, seules nos mobilisations peuvent changer la donne, comme l’ont commencé les salariés de Renault à Maubeuge ou à Choisy-Le-Roy, comme le feront les salariés de la Santé le 16 juin. Face à la récession, demandons collectivement des comptes, portons nos exigences : interdiction des licenciements et partage du travail entre tous, augmentation des salaires, des pensions, des minima sociaux, embauches dans les services publics...

Dans le monde entier, les manifestations massives de la jeunesse contre le racisme et les oppressions ont commencé à changer la donne. Elles portent en elles la contestation globale du capitalisme, un souffle nouveau et la perspective d’une société basée sur la collaboration internationale, débarrassée de toute forme d’exploitation et d’oppression.

Bordeaux, le 9 juin 2020